04/12/2020
L’hostilité et le cynisme mauvais pour le cœur
"Point n’est besoin de trop se forcer, dans l’actuel climat de restrictions et de tensions sociales, pour céder au cynisme et à l’hostilité. Mauvaise pioche, pourtant, car ce mix de dispositions d’esprit ouvrirait la voie à un risque accru de maladies cardiovasculaires, selon une publication du journal Psychophysiology."
L'hostilité est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires. Une réactivité cardiovasculaire plus approfondie au stress psychologique a été proposée comme mécanisme potentiel. Des travaux récents ont souligné la nécessité de mesurer la réactivité cardiovasculaire lors de multiples expositions au stress afin d'évaluer l'accoutumance potentielle au fil du temps. Les objectifs de l'étude actuelle étaient (a) d'examiner la relation entre chacune des trois principales composantes de l'hostilité (c'est-à-dire émotionnelle, cognitive et comportementale) et la réactivité cardiovasculaire lors de deux visites distinctes de test de stress et (b) d'examiner la relation entre les composantes de l'hostilité et l'accoutumance à la réactivité cardiovasculaire. Cette étude a utilisé les données précédemment recueillies dans le cadre de l'étude 3 sur le rhume de Pittsburgh. Cent quatre-vingt-seize participants (moyenne (ET) [fourchette] d'âge = 29,9 (10,8) [18-55] ans, 42,9 % de femmes, 67,3 % de Blancs) ont suivi deux séances de laboratoire distinctes et identiques, consistant en une séance de 20 minutes de base et une séance de 15 minutes de stress (test de stress social de Trèves). La fréquence cardiaque et la pression artérielle systolique/diastolique ont été enregistrées tout au long de la séance. La réactivité a été calculée séparément pour la fréquence cardiaque, la tension artérielle systolique et diastolique (stress de base). Les participants ont également rempli une version modifiée de l'échelle d'hostilité Cook-Medley. Les résultats ont indiqué qu'une plus grande hostilité cognitive (c'est-à-dire le cynisme) était associée à une réactivité cardiovasculaire émoussée à la première visite et à une moindre accoutumance à la réactivité cardiovasculaire entre les visites, même en contrôlant les variables confusionnelles. Aucun lien significatif avec la réactivité ou l'accoutumance cardiovasculaire n'a été trouvé pour les composantes émotionnelles (c'est-à-dire l'affect hostile) ou comportementales (c'est-à-dire la réponse agressive). Les résultats pour l'hostilité totale n'ont pas survécu à l'ajustement des variables confusionnelles. Ces résultats identifient une voie potentielle par laquelle l'hostilité, en particulier le cynisme, contribue au risque de maladie."
« L’hostilité cynique [ou hostilité cognitive] consiste en des croyances, pensées et attitudes négatives envers les motivations, les intentions et la fiabilité d’autres personnes », explique Alexandra T. Tyra, superviseuse de l’étude, doctorante en psychologie et neuroscience à la Baylor University (Waco, Texas).
Ce type de posture mentale serait dommageable à l’expression d’une réponse saine et adaptative aux épisodes de stress à court terme. Pour le vérifier, l’étude a confronté 196 participants à différents exercices engendrant un stress momentané, et mesuré le rythme cardiaque et la pression sanguine. Les auteurs ont constaté que le stress psychologique qu’incarne l’hostilité cynique – par opposition aux hostilités émotionnelle ou comportementale, plus neutres ‒ entretient un état physiologique de tension qui peut nuire, avec le temps, au système cardiovasculaire.
L’équipe de recherche illustre de la façon suivante la différence entre ces 3 types d’hostilité :
Hostilité émotionnelle : colère ou contrariété. Par exemple : « Les gens me déçoivent souvent ».
Hostilité comportementale : agression. Par exemple : « Je me réjouirais de battre cet escroc à son propre jeu ».
Hostilité cognitive : cynisme. Par exemple : « Je pense que la majorité des gens sont prêts à mentir pour aller de l’avant ».
Alexandra Tyra envisage des recherches ultérieures pour appréhender l’impact de l’hostilité cynique sur la longévité et selon quels mécanismes."
Point n’est besoin de trop se forcer, dans l’actuel climat de restrictions et de tensions sociales, pour céder au cynisme et à l’hostilité. Mauvaise pioche, pourtant, car ce mix de dispositions d’esprit ouvrirait la voie à un...